Changement de direction au Syndicat Mixte Autolib’


C’est une petite page qui se tourne dans l’histoire du projet Autolib’, mais qui a son importance : la nomination d’un nouveau directeur général pour le Syndicat Mixte Autolib’. Ce changement de personne à la tête du Syndicat Mixte représentant les collectivités ayant mis en place et / ou financé le service est le signe du passage à une nouvelle étape du projet.

D’un expert…

Le précédent directeur général du Syndicat Mixte, Sylvain Marty, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler comme consultant, est un expert de la mobilité au profil très complet, capable d’appréhender les aspects techniques, économiques, financiers et juridiques d’un projet aussi complexe qu’Autolib’. Après avoir lancé le projet Vélib’ à la Ville de Paris, il avait été chargé d’évaluer et concevoir le projet Autolib’ avec quelques personnes ayant déjà contribué au projet Vélib’. Une fois le Syndicat Mixte Autolib’ mis en place, il en avait pris la tête et avait à ce titre effectué l’ensemble du montage financier avec les collectivités et le délégataire, supervisé les choix technologiques, instruit la sélection du délégataire (Bolloré) et accompagné le projet Autolib’ jusqu’à son démarrage commercial et le déploiement de l’essentiel des stations et des véhicules.

Le travail effectué en 3 ans pour mettre en place Autolib’ à Paris requérait de nombreuses expertises et un sens politique certain, mais reposait sur une équipe réduite à quelques personnes issues pour l’essentiel des services de la Ville de Paris. Le caractère novateur de nombreux aspects du service Autolib’ (la technologie et le service, mais aussi le financement, les aspects juridiques et la collaboration entre de nombreuses collectivités) justifie une reconnaissance dont on oublie trop souvent de faire preuve à l’égard de ceux qui développent les projets, les portent et s’y donnent tout entiers. C’est peut-être encore plus le cas s’agissant de projets publics portés par des fonctionnaires d’Etat ou territoriaux faisant preuve d’une certaine discrétion.

À une politique maîtrisant les dossiers

Véronique Haché-Aguilar, qui prend donc la tête du Syndicat Mixte Autolib’, a un parcours hybride. Conseillère municipale de Hyères et militante PS, elle était précédemment directrice de cabinet d’Annick Lepetit lorsqu’elle était adjointe au maire de Paris chargée des Transports et… présidente du Syndicate Mixte Autolib’. On peut donc penser que Mme Haché-Aguilar a un profil plutôt politique de par ses expériences récentes tout en ayant une réelle connaissance des dossiers et une expertise issue de son passé d’ingénieur des travaux publics de l’Etat et de géomètre. On peut aussi citer sa contribution à un ouvrage récent tourné vers la pratique de la ville durable, La boîte à outils de la ville durable.

La ville de Paris, initiatrice du projet, de nombreuses collectivités membres du Syndicat Mixte, la Région Ile de France et maintenant l’Etat étant à gauche, il est logique que la gestion de la vie courante du Syndicat Mixte échoie finalement à une personnalité politique. La bonne nouvelle est tout de même qu’elle n’ait pas été uniquement choisie pour son appartenance politique, mais aussi pour sa compétence et sa connaissance des dossiers.

Une nouvelle phase pour le projet Autolib’

Au-delà des jeux de nominations et des parcours professionnels de chacun, ce changement de direction nous apprend des choses sur la maturation du projet Autolib’.

Tout d’abord, la phase de déploiement du service touche à sa fin. Même si la société Autolib’ doit encore déployer des stations et des véhicules, l’essentiel est fait, et les principaux risques liés au déploiement ont été correctement gérés.

C’est une phase de gestion de la relation opérationnelle avec le délégataire et avec les collectivités membres du Syndicat Mixte qui s’ouvre maintenant. Côté délégataire, l’essentiel de la relation consistera à vérifier que le contrat est bien respecté et vérifier les comptes de la délégation de service public. Les défis techniques, financiers et juridique principaux sont passés.

C’est du côté de la relation avec les collectivités qu’il y aura le plus à faire. Avec les collectivités existantes il faudra gérer les évolutions et l’adoption progressives des services mis en place (autopartage B2C, mais aussi B2B, offres de recharge de VE, autres partenariats, etc…). Il y aura surtout l’extension du périmètre d’Autolib à l’intégralité de la région Ile de France, qui se fera certainement à un rythme beaucoup plus progressive, en commençant par des zones d’intérêt spéciale qui complèteront la première couronne. On peut penser à des villes comme Versailles, à des campus universitaires comme Saint-Quentin en Yvelines ou bien les aéroports franciliens (mais dans ce cas cela pourrait être plus corsé vis à vis des sociétés de taxis).

L’équipe du Syndicat Mixte devrait elle diminuer de taille, passant d’une douzaine de personnes en début d’année à moins de 10, puisqu’une partie conséquente de l’équipe avait en charge la supervision du déploiement des stations.

Le cycle de vie des projets d’innovation

Ce changement illustre aussi la vie des projets d’innovation : la phase de conception et de mise en place requérait avant tout de l’expertise, des idées neuves, de la vision et de la détermination (la fougue de la jeunesse, même si on peut l’avoir à tout âge!). Autolib’ est en voie d’être un succès reconnu, et est surtout en voie de normalisation. Ce stade de maturation est nécessaire dans les projets d’innovation qui vont vers un succès. Pour accompagner cette maturation il est nécessaire d’avoir des gestionnaires au sens politique très affirmé, qui vont rendre l’innovation acceptable par tous et la normaliser progressivement.

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