Le marché du véhicule électrique – Entretien avec Pierre Clasquin, G2mobility


Première partie de cette série d’entretiens avec Pierre Clasquin (@pclasquin), président et co-fondateur de G2mobility. Aujourd’hui nous abordons le marché du véhicule électrique et ses perspectives.
@InnovMobi : Où en est le marché du véhicule électrique dans les entreprises aujourd’hui ? Quelles sont les tendances que tu perçois ?

@pclasquin: Côté demande, les projets de véhicules électriques portent toujours sur des volumes limités, de quelques unités à quelques dizaines. Hormis quelques acteurs comme ERDF qui ont des projets de déploiement ambitieux, l’essentiel des projets en sont au stade de l’expérimentation ou bien de la communication d’entreprise. L’ampleur du mouvement entrepris par ERDF, par exemple, est à ce titre absolument remarquable et unique au monde à ma connaissance. C’est aussi pour cette raison qu’il me semble que nous avons ici en France une opportunité unique de construire un savoir-faire des filières industrielles et de développer un leadership mondial sur ces technologies, c’est tout du moins notre ambition chez G2mobility.

Côté offre, il y a eu une amélioration sensible avec la sortie de nouveaux modèles, mais la profondeur de gamme chez les différents constructeurs reste trop limitée pour offrir des choix suffisants aux clients. Ceci en particulier si nous considérons les clients particuliers pour lesquels, même si nous commençons à voir des pistes prometteuses autour de la voiture servicielle et l’intégration de la multi-modalité…

Dans ce contexte je vois trois scénarios possibles d’ici 2020.

Le scénario pessimiste. C’est celui d’un nouveau flop du VE, comparable à celui des années 90 : quelques milliers d’unités vendues aux précurseurs, comme La Poste, qui ont bien compris l’intérêt du VE pour leur activité et à des acteurs acceptant d’essuyer les plâtres et de soutenir une cause encouragée et subventionnée oar les pouvoirs publics : collectivités locales (historiquement engagées dans le soutien aux véhicules propres, et qui ont des obligations), flottes d’autopartage (notamment si le cahier des charges de la collectivité le requiert, comme pour Autolib’), etc…

Bien sûr dans un tel scénario G2mobility aurait peu de potentiel sur le marché des véhicules électriques, même si nous pourrions apporter nos technologies à l’univers de la gestion énergétique des bâtiments ou des énergies renouvelables par exemple. Cependant ce scénario n’est pas d’actualité pour l’instant.

Infrastructures et véhicules électriques – Copyright G2mobility

Le scénario intermédiaire Dans ce cas le véhicule électrique serait adopté de manière significative (suffisamment pour maintenir l’engagement de certains constructeurs généralistes), mais uniquement dans des niches pour lesquelles le VE est très bien adapté. Le développement toucherait peu ou pas du tout le grand public mais uniquement des entreprises et des opérateurs de mobilité.

Dans ce scénario l’usage du véhicule électrique sera surtout urbain car il répondra bien à des contraintes imposées par les collectivités pour réduire les nuisances sonores et la pollution locale. Parmi ces usages on peut citer : la logistique urbaine, certains déplacements professionnels urbains et l’autopartage.

Bien que la part de marché de marché relative du véhicule électrique resterait modeste en 2020, nous assisterions au développement de flottes conséquentes de véhicules électriques gérées par des opérateurs, des entreprises ou des collectivités. Les flottes de quelques dizaines de véhicules seraient la norme.

Par conséquent, bien que ce scénario puisse paraître décevant par rapport aux grandes ambitions pour 2020 affichées dans le Grenelle de l’Environnement, G2mobility aurait une place de choix, vis-à-vis de son expertise pointue dans le domaine. Dans un tel contexte, nous pourrions apporter des solutions adaptées à ces acteurs professionnels et rationnels gérant des flottes de véhicules conséquentes, car ils auront nécessairement des besoins de pilotage et d’optimisation de la ressource énergétique, en plus de l’accès à des points de charge fiables, simples et économiques.

Le scénario de l’embrasement. Il reste la possibilité d’un décollage majeur du véhicule électrique qui représenterait à horizon 2020 un marché de masse. Pour des raisons macro-économiques et géopolitiques qui dépassent largement le contexte d’une start-up et de notre échange aujourd’hui, c’est le scénario que nous devrions promouvoir en Europe, nous pourrons y revenir lors d‘une prochaine discussion… Pour cela un saut qualitatif est nécessaire, un embrasement du marché tiré par une adoption massive du véhicule électrique par les particuliers et les petits professionnels. Pour que cela arrive, outre le rôle joué par la puissance publique (réglementations, incitations fiscales, bonus écologique), il faut que le consommateur prenne conscience à la fois de la « valeur verte » du véhicule et surtout du gain financier associé. À ce titre les travaux en cours dans les projets de grandes flottes sont clés pour faire baisser les coûts via l’effet d’échelle et l’amortissement des coûts fixes, pour trouver les meilleurs solutions et pour affiner les modèles de services. Sans un succès important dans les environnements de grandes flottes, je ne pense pas que ce scénario soit envisageable.

C’est à cette prise de conscience de la valeur du véhicule électrique aussi bien écologique que financière qu’est suspendu le changement de comportement des particuliers et des professionnels. C’est la responsabilité commune de tous les acteurs de l’écosystème.

Dans le scénario d’un marché de masse du véhicule électrique, G2mobility aura pour vocation de décliner son savoir faire et ses solutions innovantes destinées aux grandes flottes pour les mettre à disposition de ces contextes allant de la mini flotte de quelques unités, à l’infrastructure de charge publique ou au client résidentiel. G2mobility travaille d’ores et déjà avec des grands partenaires industriels et des start-up sur l’intégration et le développement de ces solutions qui seront commercialisée dans les prochaines années.

Dans la suite de cette interview, publiée demain, nous aborderons avec Pierre les conditions et les modalités du développement d’une filière et d’un écosystème propres au véhicule électrique, ainsi que les impacts industriels en France et en Europe.

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